La France sous influence russe : immersion dans la fabrique de la propagande invisible.

Publié le 24 septembre 2025 à 21:07
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 Pour garantir la transparence de ce dossier, le rapport technique Viginum (mai 2025) est disponible en téléchargement ci-dessus.

Une guerre cognitive sans précédent

Depuis un an et demi, la France fait face à une campagne d'influence massive et coordonnée par la Russie, opérée à une échelle industrielle. Clones de médias, deepfakes ciblés, manipulations algorithmiques et faux experts saturent l’espace public. L'objectif ? Non pas convaincre, mais semer la division, la confusion et un doute permanent au sein de la société.


1. Les laboratoires du mensonge

300 sites miroirs ont été identifiés par Viginum entre 2024 et 2025, hébergés en Russie, Bulgarie et Moldavie. Ces sites imitent les plateformes de presse française, tout en y insérant des récits de corruption, de fractures sociales et un discours sur le prétendu "déclin européen".

Un exemple frappant : une fausse interview, générée par intelligence artificielle (voix clonée, photo truquée), où un économiste français annonçait l’effondrement imminent de l’euro.


2. Deepfakes hyperlocalisés

Au printemps 2025, une vidéo partagée via WhatsApp montrait un maire breton dénonçant une supposée "mainmise ukrainienne" sur les subventions agricoles. La mairie a dû démentir officiellement cette vidéo manipulée.

D’autres incidents signalés par l’ANSSI ont révélé des audios imitant la voix de policiers ou élus locaux, diffusant des rumeurs inquiétantes pour alimenter la peur et la méfiance.


3. Réseaux sociaux : le champ de bataille algorithmique

72 % des hashtags anti-Ukraine associés aux manifestations du 15 avril 2025 provenaient de comptes automatisés, selon le rapport de l’UE DisinfoLab.

Des "fermes de trolls" basées à Saint-Pétersbourg orchestrent des tendances virales artificielles, pointant vers des forums privés où les récits sont peaufinés avant d’être rediffusés.

En juin 2025, des tracts distribués sur la place de la République contenaient des QR codes redirigeant vers de faux sites "citoyens". Ces sites, en réalité, installaient des cookies pour injecter des flux d’informations manipulées.


4. Piratage et empoisonnement de l’IA

Viginum a découvert une campagne d’empoisonnement des bases de données visant les IA utilisées par des médias français. Résultat : des résumés biaisés, pro-russes et systématiquement critiques envers l’UE et l’OTAN.

Des newsletters automatisées d’associations ou de collectivités locales ont également été infiltrées, propageant à leur insu des récits favorables à la Russie.


5. L’attaque sur la mémoire collective

De faux documents sur des sujets sensibles comme la guerre d’Algérie, le nucléaire ou les privatisations circulent dans des groupes Facebook de retraités ou d’anciens militaires, façonnant de faux souvenirs collectifs.

En avril 2025, une campagne accusant la France d’avoir "vendu sa souveraineté énergétique" à Berlin et Washington a été amplifiée par des milliers de bots automatisés.


6. Les experts fantômes

EUvsDisinfo a identifié 40 faux profils sur LinkedIn et X, se faisant passer pour diplomates ou chercheurs. Certains ont même publié des tribunes dans des médias locaux ou participé à des conférences en ligne, parfois sur des plateaux télé régionaux.

En mai 2025, trois faux "experts" ont pris part à une table ronde associative sur la souveraineté alimentaire, répétant des récits alignés sur la propagande du Kremlin.


7. Financement occulte via cryptomonnaies

Des enquêtes menées par le Trésor américain et Europol ont montré que des cryptomonnaies russes étaient utilisées pour rémunérer des influenceurs français diffusant du contenu polarisant sur TikTok, X et Discord.

Dans certains cas, des NFT ont servi de couverture pour transmettre de faux rapports stratégiques à des cibles spécifiques.


Clés de lecture

Cette stratégie russe ne cherche pas à convaincre, mais à diviser, épuiser et affaiblir :

  • Créer un climat où les citoyens finissent par douter de tout.

  • Rendre la notion même de vérité suspecte.

  • Exploiter la lassitude démocratique pour fragiliser les institutions.


Une question cruciale

La France pourra-t-elle renforcer sa cybersécurité et enseigner la pensée critique à ses citoyens ?
Qui formera les "détecteurs de signaux faibles" capables de démasquer le faux ?

« Décrypter l’actualité pour comprendre ce qui se cache derrière les apparences. » — Signal Faible


Sources

  1. Viginum – Rapport sur les opérations d’influence numérique 2024-2025

  2. ANSSI – Rapport annuel 2025

  3. UE DisinfoLab – Rapport spécial avril 2025

  4. Viginum – Note technique mai 2025

  5. EUvsDisinfo – Base de données 2025

  6. EUvsDisinfo – Fake Experts Network, janvier 2025

  7. US Treasury OFAC – Sanctions, mars 2025

  8. Europol – Communiqué de presse, juin 2025

     

 

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