22 septembre 2025. Emmanuel Macron monte sur la tribune de l’ONU.
« Aujourd’hui, la France reconnaît officiellement l’État de Palestine. »
Une phrase brève. Une phrase claire. Mais un véritable séisme diplomatique.
Avec ces mots, la France met fin à des décennies d’ambiguïtés et affirme son choix : celui d’une diplomatie indépendante, visant à redéfinir les équilibres mondiaux.
Un symbole ? Non, une stratégie.
142 pays avaient déjà reconnu la Palestine. Mais l’engagement de Paris, accompagné de celui de neuf autres nations occidentales, fait basculer la dynamique. Car lorsque l’Occident — même en partie — se rallie, l’équation mondiale change irrémédiablement.
Macron présente ce choix comme une contribution majeure à la paix. En réalité, il ambitionne davantage : positionner la France comme un pivot stratégique entre les blocs, un trait d’union dans un monde fracturé.
Soutenir sans trahir
« Cette reconnaissance est aussi une défaite pour le Hamas », souligne Emmanuel Macron.
Le message est clair : il ne s’agit pas de légitimer des factions armées, mais de promouvoir une alternative politique. La France tente alors un équilibrisme rare : soutenir la création d’un État palestinien tout en maintenant ses liens solides avec Israël.
C’est la stratégie du découplage : reconnaître sans renoncer. Une posture audacieuse, mais délibérément calculée.
Pourquoi maintenant ?
Ce timing n’est pas un hasard. Trois dynamiques expliquent ce choix :
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L’épuisement occidental en Ukraine. Après trois ans de conflit, il fallait une nouvelle voie diplomatique.
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La consolidation de l’axe Moscou-Pékin-Téhéran. La France souhaite affirmer son indépendance stratégique.
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La montée du Sud global. Paris reconnaît qu’il est impossible d’ignorer ces nouveaux centres de pouvoir.
En résumé : ce moment n’est pas une impulsion. Il était méticuleusement planifié.
Les coulisses économiques
La reconnaissance de la Palestine ne repose pas uniquement sur des principes.
C’est aussi une ouverture vers un marché arabe regroupant 400 millions de consommateurs et détenant près de 40 % des réserves mondiales d’énergie.
Sans compter les opportunités liées à la reconstruction de la Palestine : investissements, infrastructures, coopération.
Diplomatie et économie avancent main dans la main.
Une doctrine occidentale en mutation
Avec Londres et Ottawa adoptant une approche similaire, Paris esquisse une nouvelle doctrine occidentale : plus flexible, plus autonome, moins centrée sur Washington.
Ce choix pourrait créer un effet domino en Europe. Mais il pourrait aussi provoquer des fractures si certains pays refusent de suivre.
Une chose est certaine : Paris a ouvert une nouvelle voie.
Les risques assumés
Toute audace comporte des risques.
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Washington pourrait réagir froidement, y voyant une distanciation vis-à-vis de sa ligne.
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Un risque de déstabilisation : reconnaître un État sans contrôler les conséquences reste une prise de risque.
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Une Europe divisée, si le consensus n’est pas atteint.
Mais pour Paris, l’audace semble préférable à l’inaction.
Le parfum du gaullisme
Reconnaissance de la Chine en 1964. Retrait de l’OTAN intégré en 1966.
Chaque fois, ces choix français furent d’abord controversés, avant de redessiner l’échiquier mondial.
Avec cette décision, Macron s’inscrit dans cette lignée : oser quand les autres hésitent, avancer sans rompre.
Conclusion : un pari pour 2030
Reconnaître la Palestine, ce n’est pas seulement régler un conflit ancien. C’est miser sur l’avenir.
C’est envoyer ce message au monde : la France refuse la marginalisation et revendique son rôle de puissance d’équilibre.
Un pari audacieux, certes. Mais dans un monde multipolaire, l’immobilisme aurait été bien plus risqué.
Le 22 septembre 2025 marquera le jour où Paris a choisi de surprendre — et peut-être, de peser à nouveau.


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